Hildegarde von Bingen
Mercredi 22 avril 2015, 14h, hôpital Notre-Dame à la Rose, Lessines
L'œuvre médicale d'Hildegarde de Bingen
Dr Sophie Glansdorff (CNHS/ULB)
Depuis quelques dizaines d'années, la personnalité et l'œuvre
d’Hildegarde de Bingen (1098-1179) suscitent un nouvel engouement de la
part des chercheurs, mais aussi d'un large public curieux de découvrir
ses conseils thérapeutiques. Deux ouvrages scientifiques, le plus
souvent mentionnés sous le titre respectif de Physica et Causae et
Curae, sont aujourd'hui attribués à la sainte. Leur place dans l'œuvre
d'Hildegarde a cependant suscité la polémique parmi les historiens (en
particulier quant à l'authenticité du Causae et Curae). Dans ce cadre,
cette communication tentera de présenter un état de la question, et de
réinsérer Hildegarde dans le contexte médical de son époque.
Historienne
diplômée de l’ULB, et spécialisée en histoire de Byzance et du Haut
Moyen Âge, Sophie Glansdorff a été chargée de recherche FNRS à l’ULB,
où elle reste collaboratrice scientifique depuis qu’elle est attachée
scientifique au Centre National d’Histoire des Sciences. Sa thèse
qui portait sur Pouvoir séculier et royauté sous le règne de Louis le
Germanique, 826-876, l’a amenée à effectuer de nombreux séjours
scientifiques en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Italie. Ses
publications comptent plusieurs éditions de sources essentielles pour
cette période médiévale, telles que les diplômes de Louis le
Germanique, ou encore l’Histoire des fils de Louis le Pieux de Nithard,
publiée aux Belles Lettres en 2012, mais aussi des recueils
prosopo-graphiques et des articles dans des revues nationales et
internationales. Tout en poursuivant cette direction de
recherche, avec entre autres en préparation l’édition des Lettres de
Boniface IX (1394-1404) destinées aux diocèses belges, Sophie
Glansdorff s’est dernièrement intéressée à l’histoire de la médecine
médiévale, plus particulièrement aux animaux et aux recettes médicales
du Haut Moyen Âge. Visite de l’exposition « D’Ambroise Paré à Louis Pasteur – un grand cabinet de curiosités scientifiques»
L'hôpital Notre-Dame à la Rose à Lessines, fondé en 1242 par Alix de
Rosoit et confié à des religieuses, va voir au cours des siècles ses
bâtiments transformés afin d’offrir des espaces mieux adaptés tant à la
vie hospitalière que conventuelle, ce qui en fait un véritable lieu de
symbiose entre religion et médecine. A la Révolution française, la
ville prit à sa charge la gestion de l'hôpital mais la communauté
religieuse jouera un rôle prépondérant jusqu'en 1980, date à laquelle
les derniers patients quittèrent les lieux. Classé depuis 1940, de
récents travaux de restauration et une scénographie complètement
repensée en ont fait un musée exceptionnel, exemple très complet
d’institution hospitalière autarcique du Moyen Âge et de son évolution
à travers les siècles. L’exposition temporaire « D’Ambroise Paré à
Louis Pasteur – Un grand cabinet de curiosités scientifiques » illustre
l’évolution de la médecine et de la pharmacie du 16e au 19e siècle. Le
parcours démarre avec Ambroise Paré, souvent considéré comme le père de
la chirurgie moderne, à une période où artisans et médecins
conjuguaient leurs savoirs pour faire évoluer les techniques médicales
et scientifiques. Ensuite se déploie l’histoire des avancées de
l’art de guérir, qui voit naître les spécialisations médicales, telles
que la dentisterie, la pharmacie, l’ophtalmologie, l’anesthésie ou la
gynécologie. La médecine des humeurs, souvent empirique, cède la place
à une médecine plus scientifique, qui atteindra son apogée au 19e
siècle avec Louis Pasteur et la microbiologie. Cette marche triomphante
n’exclut pas quelques «détours », telle la phrénologie, présente parmi
les collections, pour rappeler les dérives charlatanesques. |