Mémosciences

 

La chimie qui sent bon

Mercredi 29 février 2012, 14h (Bruxelles, Salle Couvreur)

De la matière première au parfum : quand la chimie se fait discipline artistique

Frédérick Warzée (Detic asbl, B)

     «Un parfumeur, un « nez », peut reconnaître près de 3.500 odeurs et souvent beaucoup plus … Ces matières premières, innombrables, majoritairement d‘origines végétales, mais aussi animales ou synthétiques constituent les éléments qui se conjuguent généralement en une dynamique en trois temps pour former une véritable œuvre d’art chimique : le parfum.  
    C'est en effet bien de chimie et d’art qu'il s’agit.  La chimie est un protagoniste majeur du parfum : extraction, correction, création des odeurs de base, déploiement du parfum, volume, intensité, perception olfactive, tenue, stabilité … Chimie et encore chimie !  Mais pas n'importe laquelle, une chimie qui se fait principe de création, moteur d’abstraction même. 
    Car le parfum est avant tout une création de la pensée, de la mémoire. Une expression humaine qui s'exprime par la chimie. Une œuvre d’art.

   retour

Frédérick Warzée a suivi un parcours d’étude peu commun : après un diplôme de technicien en prothèse dentaire et deux années en tant qu’associé dans un laboratoire, il a suivi un baccalauréat en sciences biomédicales,  formation qu’il a aussitôt mise à profit en travaillant pour le Belgian Council for Laboratory Animal Sciences. Pour sa maîtrise, il s’est orienté vers la cosmétique. Mais Frédérick Warzée est avant tout un passionné de communication. Il a géré la communication en matière de recherche scientifique et d‘innovation auprès du Ministre-Présidente de la Région Bruxelles Capitale, et est actuellement Senior Advisor en Communication Interne et Externe auprès de DETIC, l’association belgo-luxembourgeoise des producteurs et distributeurs de savons, cosmétiques, détergents, colles et mastics.

L’odeur. Histoire de la matérialisation d’un sens

 Prof. C. Reinhardt (Univ. Bielefeld, D)

    L’odeur des choses a toujours été cruciale tant en sciences que pour sa signification culturelle et sociale. Les spécialistes de l’histoire culturelle et les historiens de sciences s’accordent sur l’existence d‘un tournant radical dans la perception de l’odeur au cours du 19ème siècle, que ce soit au laboratoire, au boudoir et dans les rues. Dénigré, et considéré comme perturbateur dans le processus d’observation, l’odorat est alors exclu de larges pans de la vie sociale
    Sans me prononcer sur ce constat, j’entends montrer que durant le 19ème et le 20ème siècle, la conception scientifique de l’odeur a évolué, articulant les matières olfactives et le sens de l’odorat d’une façon nouvelle. Parmi les conceptions populaires que j’aborderai,  on retrouve l’analogie de la clef-serrure pour parler des odeurs et des récepteurs olfactifs, et aussi la  réaction chimique et les théories de la résonance.
    J’examinerai enfin les connections entre la fonction heuristique de l’odorat et les systèmes de classification des substances odorantes, reliant ainsi les dimensions épistémologique et ontologiques.
    En somme je vise à capturer l’arôme de ce sens chimique par excellence.

Actuellement professeur à l’Université de Bielefeld, Carsten Reinhardt a étudié l’histoire des sciences, la chimie et l’histoire à Stuttgart et Berlin, et après son doctorat, il a été en poste à l’Université de Regensburg et au Max-Planck-Institute for the History of Science à Berlin. Il est président de la Working Party of History of Chemistry of EuCheMS.  Ses recherches portent sur la recherche industrielle, l’instrumentation scientifique et l’expertise. Il a publié une biographie d’Heinrich Caro (en collaboration avec A. Travis) en 2000, Chemical Sciences in the 20th Century. Bridging Boundaries (Weinheim: Wiley) en 2001, et son dernier ouvrage Shifting and Rearranging. Physical Methods and the Transformation of Modern Chemistry (Science History Publications 2006) a reçu le prix Bunge.

© Copyright Mémosciences asbl • designed by Rose Avril