Mémosciences

 

L’expérimentation au Moyen Âge 

Mercredi 2 mai 2012, 14h (Mons, Grands Amphithéâtres)

Le rapport ambigu à l’expérience dans la tradition médiévale

Prof. Isabelle Draelants (CNRS/Univ. Nancy, F)

     Dans l’Occident chrétien, c’est au XIIIe s. que les savants latins commencent à dégager des doctrines théologiques et métaphysiques le système d’explication physique de la nature. Cette mutation épistémologique a lieu à la suite d’un double changement : une curiosité nouvelle portée à la nature pour elle-même, et un accroissement considérable de l’information philosophique par le biais des traductions gréco- et arabo-latines d’œuvres aristotéliciennes et de commentateurs arabes.
   L’exposé mettra en lumière cette évolution dans le contexte des références philosophiques et scientifiques médiévales, en particulier à l’époque scolastique (XIIe-XIVe s.), en montrant que tout discours sur la connaissance au Moyen Âge se fondait sur trois éléments indissociables : la raison (ratio), l’autorité (auctoritas) et l’expérience (experientia). Cette dernière, presque toujours liée à la connaissance sensible (par les sens), était assez souvent opposée aux deux autres moyens d’accès à la connaissance.
    L’exposé sera soutenu par des extraits traduits tirés des « autorités médiévales » que sont les philosophes et médecins Hippocrate, Aristote (IVe s. a.C.n.), Constantin (XIe s.), Avicenne (XIe s.), et les penseurs médiévaux originaux du XIIIe s. européen, entre Oxford, Paris et Cologne : Michel Scot, Richard Rufus, Robert Grosseteste (début XIIIe s.), Roger Bacon, Guillaume d’Ockham, Jean Buridan, Albert le Grand, Thomas d’Aquin.

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Docteur en histoire de l’UCL, Isabelle Draelants a centré sa thématique de recherche sur la transmission des savoirs de la « philosophie naturelle » dans l’Occident médiéval : les connaissances sur la nature acquises ou héritées de l’Antiquité et du monde arabe, les frontières entre savoirs licites et illicites, science et art, théorie et pratique. Elle dirige le Centre de médiévistique Jean Schneider, laboratoire mixte Université de Lorraine-CNRS , Nancy, e t est Responsable de l’Atelier Vincent de Beauvais, Encyclopédisme et transmission des connaissances. Directrice de recherche CNRS, elle est aussi chargée de cours à l’Université de Nancy.

Faire de l’or avec du cuivre : recettes du Moyen Âge et simulations expérimentales

 Dr Nicolas Thomas (Université Paris 1, F) en coll. avec D. Bourgarit, B. Asmus et J.-M. Welter

    Le laiton, un alliage de cuivre et de zinc dont la couleur jaune et la brillance évoquent l’or, a fait la réputation des ateliers métallurgiques mosans au Moyen Âge. Par quelle alchimie le cuivre pouvait-il être teint en or, alors que le zinc n’était pas connu sous forme métallique ? Pour élaborer le laiton, les fondeurs avaient recours à la cémentation : dans un même creuset contenant de la calamine broyée, du charbon de bois et des tôles de cuivre, le minerai de zinc est réduit en métal gazeux à haute température et diffuse simultanément dans le cuivre solide. L’étude pluridisciplinaire des documents écrits, des déchets métallurgiques et des fours découverts lors de plusieurs fouilles archéologiques à Dinant et à Bouvignes, associée à la reconstruction expérimentale tant en laboratoire que sur le  terrain tentent de caractériser ce procédé oublié et son économie.

Archéologue à l’INRAP depuis une quinzaine d’années, Nicolas Thomas est Docteur en archéologie, spécialiste de la métallurgie des non-ferreux avec une thèse consacrée au travail du cuivre en milieu urbain au bas Moyen Age sous la direction de Paul Benoît. Il enseigne à l’Institut national du Patrimoine et à l’Université Bordeaux 3 depuis plus de 10 ans et dirige depuis 2009 avec Jean Plumier et Marie Verbeek un programme de recherches pluridisciplinaire autour de la dinanderie mosane qui l’amène fréquemment en Belgique. Il est d’ailleurs co-directeur de deux mémoires de master à l’UCL. En parallèle avec son expérience d’archéologue classique (fouilles), il s’est aussi familiarisé avec l’ana lyse des matériaux, la métallographie, la microscopie MEB-EDS / PIXE / Diffraction des rayons X, et il pratique l’archéologie expérimentale par la fabrication d’analogues.

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