Des miroirs ardents aux fours solaires Mercredi 24 avril 2013, 14h (Mons, Grands Amphithéâtres) Entre recherches académiques et divertissement princier, les miroirs ardents : objets de science et de curiosité Dr Christine Lehman (Université de Paris Ouest Nanterre, F) Agrégée de sciences physiques, Christine Lehman a effectué une carrière de professeur de physique et de chimie dans le secondaire. En 2006 elle a soutenu, sous la direction de Bernadette Bensaude-Vincent à l'université Paris X, une thèse en histoire des sciences sur le médecin chimiste Gabriel-François Venel (1723-1775) collaborateur de l'Encyclopédie. Chercheur associé au Centre d’histoire et de philosophie des sciences de Paris-Ouest Nanterre (IREPh), elle poursuit ses recherches sur la chimie du siècle des Lumières en particulier sur Pierre-Joseph Macquer. Son projet actuel concerne les multiples facettes – technique, chimique, philosophique et sociale – des miroirs ardents. Les fours solaires d'Odeillo dans la guerre froide Dans
l'immédiat après deuxième guerre mondiale, une poignée de chimistes du
Centre national de la recherche scientifique (CNRS) installèrent, avec
le soutien de l'armée française, des fours solaires dans la citadelle
Vauban d'Odeillo dans les Pyrénées orientales. La concentration des
rayons lumineux, qui permettait d'atteindre des températures de
plusieurs milliers de degrés, fournissait un instrument d'étude des
matériaux réfractaires dans des conditions extrêmes de température et
de pression. Le Laboratoire de l'énergie solaire devint un centre
d'essai internationalement reconnu, notamment après la construction du
plus gros prototype de four solaire au monde dans les années 1960. Des
deux côtés du rideau de fer, savants, experts militaires,
administrateurs et industriels venaient visiter Odeillo et procédaient
à des caractérisations de matériaux stratégiques. Dans le même temps,
le Laboratoire promouvait "le soleil au service de l'humanité" par un
programme de domotique solaire. L'enchevêtrement des deux
objectifs d'investigation au sein de la même institution fait d'Odeillo
une énigme pour l'historien à la croisée du bricolage de paillasse et
de la big science, de réalisations guerrières et pacifiques, d'espoirs
économiques et d'utopies écologiques, de compétition idéologique et de
coopérations humanistes. Je m'efforcerai d'analyser comment ces
multiples contradictions de la guerre froide, en se concentrant toutes
sur une pittoresque vallée ensoleillée, permirent le développement d'un
projet solaire innovant et original.
Diplômé
de l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la
ville de Paris, Pierre Teissier s’est ensuite orienté vers l’histoire
des sciences en décrochant un doctorat en Epistémologie, histoire des
sciences et des techniques de l’Université Paris Ouest Nanterre sous la
direction de Bernadette Bensaude-Vincent. D’abord centrées sur
l’histoire de la chimie du solide en France depuis 1945, ses recherches
se sont élargies à l’histoire de la chimie du solide et des matériaux
dans une perspective comparative, incluant le Royaume-Uni et les
Etats-Unis, ainsi qu’à l’implémentation des voitures électriques en
Europe. Ses séjours postdoctoraux l’ont mené à Oxford, Philadelphie et
Berlin, et il est actuellement maître de conférences de l’Université de
Nantes, rattaché au Centre F. Viète , où il est responsable du thème «
Histoire des matériaux et de l’énergie au XXème siècle ». |