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 La chimie dans l’art militaire
Une tradition française de Lavoisier à Berthelot : l’institutionnalisation dans le domaine militaire
Dr Patrice Bret (Cité des Sciences et de l’Industrie, La Villette, F)
 
   Dès l'apparition de la poudre noire, les chimistes se sont intéressés aux poudres et salpêtres. En France, cet intérêt s'est matérialiséen une tradition institutionnelle. De 1775 à 1792, Lavoisier dirige la Régie royale (puis nationale) des poudres. Il y développe la recherche expérimentale sur les produits et les procédés. Il crée une École des poudres et introduit de nouvelles pratiques dans le travail des salpêtriers.


   Sous la Révolution, Fourcroy puis Chaptal le remplacent à la tête de ce secteur stratégique. Avec Guyton et Berthollet, qui supervisaient la production de salpêtre et de poudre, menée sur le terrain par les apothicaires et les premiers chimistes industriels, ils développent des instruments, des procédés et des produits nouveaux, créent des laboratoires spécifiques ou mettent à contribution les laboratoires publics existants.
   À partir de 1818, la chimie est pleinement institutionnalisée dans le domaine militaire avec la création de laboratoires (Dépôt central de l'Artillerie et écoles d'artillerie) et du Comité consultatif des poudres, où siège un académicien, qui dispose du laboratoire de l'Arsenal. Trois chimistes de premier plan s'y relaient : Gay-Lussac (1818-1850), Pelouze (1850-1867) et Berthelot (1873-1907). Avec ce dernier, les études sur la poudre noire connaissent leur apogée, puis cèdent la place à une nouvelle génération de poudres et explosifs issus de la chimie et de l'industrie chimique : poudres sans fumée (colloïdales), explosifs nitrés, nitratés et chloratés...

Historien, Patrice Bret est secrétaire du Comité Lavoisier chargé d'éditer sa correspondance. En parallèle, il poursuit un projet de recherche sur l'interaction entre chimistes et militaires durant la période contemporaine.
 
Le développement des armes chimiques
Prof. Herbert De Bisschop (École Royale Militaire, Bruxelles)
   L’histoire militaire relève un nombre de cas d’utilisation d’agents toxiques ou pathogènes, jadis considérée comme « ruse de guerre ». Toutefois, le premier usage à grande échelle d’agents toxiques dans une opération militaire – le 22 avril 1915– ne fut rendu possible que par le développement de l’industrie chimique.
   Cette méthode de guerre, introduite parmi tant d’autres essais pour percer le front immobilisé, continua à se développer durant toute la Première Guerre Mondiale : non seulement les moyens d’épandage évoluèrent, mais également les agents chimiques utilisés.
  Après la guerre, l’affirmation du caractère inhumain de ces armes résulta en la rédaction et la signature d’un Protocole qui en interdit l’utilisation, mais pas le développement, ni la production. Durant l’Entre-deux guerres,  quelques nouveaux types d’agents furent ainsi développés, parmi lesquels les neurotoxiques occupent une place essentielle. 
   Dans cette contribution, l’historique du développement des composantes chimiques sera illustré plus en détail.
 
Après deux ans comme officier d’artillerie en Allemagne, Herbert De Bisschop poursuit des études approfondies en Chimie à la VUB et en Sciences Biomédicales à la KUL. Docteur en Sciences de l’Université Catholique de Nijmegen avec une thèse sur le Soman, un neurotoxique de combat, il enseigne aujourd’hui à l’École Royale Militaire. Conseiller Scientifique en matière de Désarmement et non-prolifération chimique aux Affaires Etrangères, il recherche des techniques nouvelles de destruction d’anciennes armes chimiques datant de la Première Guerre Mondiale.