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 Chimie et Alchimie

D’Hermès à Arnaud de Villeneuve, l’alchimie des manuscrits

Dr Andrée Colinet (Louvain-la-Neuve)

L’alchimie occidentale est née à Alexandrie en même temps que l’ère chrétienne. Elle est écrite en grec et s’inspire des théories philosophiques et de la pratique métallurgique ou tinctorielle de l’époque ainsi que d’idées gnostiques. L’alchimie grecque sera traduite en syriaque, puis en arabe et augmentée d’œuvres originales de grande valeur. Au 12e siècle, la science arabe sera traduite à son tour en latin en Espagne et en Italie du Sud et le 13e siècle verra, sous l’influence d’Aristote, la structuration et la mise en ordre de ce savoir.

Ce savoir nous a été transmis par des manuscrits, ce qui exige certaines précautions d’approche, outre celles demandées par les spécificités de la branche.

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Ancien professeur de grec et de latin dans l’enseignement secondaire, Andrée Colinet, philologue classique, s’intéresse depuis toujours à l’histoire de la chimie. Son mémoire de licence déjà était consacré à des recettes alchimiques grecques. Depuis lors, elle a repris l’étude des alchimistes grecs et latins médiévaux ; elle a présenté un doctorat et rédigé quelques articles sur le sujet.  Elle vient d’éditer cette année le tome X des Alchimistes grecs, paru aux Belles Lettres dans la Collection des Universités de France (Guillaume Budé).

L’opposition entre chimie et alchimie au XVIIe siècle : un faux problème

Pr Bernard Joly (Lille III)

Le premier cours public de chimie fut donné en France, en 1648, par un alchimiste. Nous croyons voir dans cet événement une étrange alliance entre la science et l’irrationnel, alors que cela n’étonnait nullement les hommes de l’époque. Car l’opposition entre chimie et alchimie, que nous prenons volontiers comme un modèle de la rupture épistémologique constitutive des sciences modernes, n’avait aucun sens au 17e siècle. La transmutation des métaux, loin de sembler impossible, n’était que la conséquence particulière d’une doctrine des éléments constitutifs de la matière et de la formation des métaux dans les mines qui constituait le seul fondement possible pour une science chimique. Et ceux qui refusaient les théories chimiques le faisaient le plus souvent au nom de la conception aristotélicienne de la nature. Loin d’être les tenants de doctrines archaïques, les partisans de la « chymie », qu’ils soient nommés chimistes ou alchimistes, étaient donc des représentants de la modernité de l’époque.

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Professeur de philosophie et d’histoire des sciences à l’université de Lille 3, Bernard Joly est l’auteur de La rationalité de l’alchimie au XVIIe siècle (Vrin, 1992) et directeur d’un numéro spécial de la Revue d’Histoire des Sciences (1996) : Théorie et pratique dans la constitution des savoirs alchimiques.  Il vient d’éditer La nouvelle lumière philosophique d’Etienne de Clave (datant de 1641), (Fayard, 2000).  Parmi ses projets ; Descartes et l’alchimie ainsi qu’une étude sur la philosophie chimique à l’âge classique.