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De la Bakélite au Kevlar

Leo Baekeland (1863-1944), chimiste et industriel de talent

Prof. Dr. Maurice DORIKENS
(Museum voor de Geschiedenis van de Wetenschappen, Universiteit Gent)

Leo Baekeland étudie la chimie à l'université de Gand, sa ville natale. Il  s'intéresse à la photographie, et surtout aux aspects chimiques de celle-ci.  Il dépose un brevet pour une plaque photographique qu'il suffit d'immerger dans l'eau pour la développer. Son enthousiasme trop juvénile mène malheureusement la production de cette invention à un échec. Assistant à l'université, il effectue des recherches sur la réaction formaldéhyde-phénol.  En 1889, il épouse Céline Swarts, la fille de son patron, et part pour les États-Unis, dont il ne reviendra plus.

Après des débuts difficiles, il met au point un papier photographique sensible à la lumière artificielle. Le papier Velox permet en effet de faire des tirages dans des conditions contrôlables et obtient un grand succès. La firme de Baekeland, la Nepera Chemical Company, devient une menace pour Eastman-Kodak, et après toute une campagne industrielle, Kodak achète le procédé  pour une somme élevée.

Avec la fortune ainsi acquise, Baekeland commence une seconde carrière. Il construit un laboratoire de recherches chimiques et retourne à ses débuts, la réaction formaldéhyde-phénol. Au terme d’études systématiques, il crée la première matière plastique: la bakélite. Cette matière provoquera une véritable révolution dans la vie quotidienne et ouvrira la voie aux matériaux synthétiques modernes. 

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Maurice Dorikens est physicien nucléaire de formation et a effectué pendant près de 40 ans des recherches scientifiques à l'Université de Gand. Il est aujourd’hui directeur du Musée de l'Histoire des Sciences de cette même université, et spécialiste de l'histoire des sciences des XIXe et XXe siècles.

 

La saga des polymères modernes

Prof. Jacques DEVAUX (U.C.L.)

On pourrait être tenté, par analogie avec les grandes étapes du développement de la civilisation, âges de la pierre, du bronze, du fer, de croire que le dernier siècle de ce millénaire marque la naissance de " l'âge des polymères". Pourtant, depuis le début de son existence, l'homme utilise, sans le savoir, les polymères les plus variés pour se vêtir, s'abriter et même pour se nourrir. Après tout, n'est-il pas lui-même constitué d'une multitude de polymères, dont l'ADN, qui présente probablement la structure moléculaire la plus achevée ?

Pourtant, la véritable saga des polymères synthétiques ne commence qu'il y a moins d'un siècle. Peut-on, en effet, parler de polymères avant que l'existence même de molécules géantes — les macromolécules — ne soit acceptée par le monde scienti-fique? Ainsi, ce n'est qu'en 1926 que Staudinger démontra, devant une assemblée de plusieurs centaines de collègues, l'existence de molécules plus de mille fois plus grosses que toutes les espèces connues à cette époque. L'un des auditeurs fit même le commentaire suivant : "Nous sommes choqués autant que pourraient l'être des zoologistes auxquels on prétendrait qu'il existe, en Afrique, une espèce d'éléphant de 1500 pieds de long et de 300 pieds de haut"!

S'il existe aujourd'hui un très grand nombre de macromolécules, nous n'en utilisons, quotidiennement, que quelques dizaines,  que ce soit dans nos vêtements, notre bouteille d'eau, ou une voiture de formule 1.

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Ingénieur Chimiste, Jacques Devaux, dès sa thèse de Doctorat, s'est orienté vers la recherche en Science des matériaux, et plus particu-lièrement en Science des polymères. Professeur à la Faculté des Sciences appliquées, il enseigne actuellement la chimie des polymères, mais aussi leurs méthodes de caractérisation, leur mise en œuvre et leur recyclage.