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 Il y a 200 ans, la pile de Volta

La chimie et le galvanisme: sources d'inspiration et d'interprétation
pour la pile de Volta

Dr Brigitte Van Tiggelen (UCL)

Dans une lettre du 20 mars 1800, Alessandro Volta (1745-1827) annonce à l'Europe savante l'invention d'un "organe électrique artificiel" qui produit de l'électricité par le seul contact de substances de différentes sortes. D'abord partisan de l'électricité animale de Luigi Galvani (1737-1798), Volta démontre que c'est le fait de mettre deux métaux différents en contact qui produit de l'électricité, et que le système nerveux de la grenouille agit comme un détecteur, non comme un générateur.

Bien que Volta s'interdise d'établir un amalgame entre cette "électricité métallique" et l'action chimique, il fournit une explication des transformations chimiques opérées au sein du conducteur humide qui baigne les deux métaux en contact.  Ceci ouvre la voie aux observations de l'électrolyse qui soulèvent de nombreuses questions quant à l'origine et la nature du phénomène qui régit la pile.

Au contraire de Volta, nombreux furent les savants qui, au tournant du siècle, défendirent la thèse que la force électromotrice trouvait son origine dans des réactions chimiques. Inversement, les potentialités expérimentales ouvertes par la pile voltaïque autorisèrent des manipulations originales, entre autres l'isolement du sodium et du potassium, et furent le point de départ de la théorie électrochimique de J. J. Berzelius (1779-1848).

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Physicienne et historienne, Brigitte Van Tiggelen vient d'achever une thèse de doctorat consacrée à Karel Van Bochaute, chimiste des Pays-Bas autrichiens. Elle est actuellement assistante de recherche à la Faculté des sciences de l'UCL et enseigne à l'Université des Aînés.

 

Electricité et chimie : les idées hétérodoxes de Jean-Baptiste Van Mons

Dr Michel Bougard (U. Mons-Hainaut)

En 1789, dans son Traité élémentaire de chimie, Lavoisier avait admis l'existence du "calorique", "une substance réelle et matérielle, [...] qui s'insinue à travers les molécules de tous les corps et qui les écarte". Le calorique restait cependant une notion peu assurée.  Certains zélateurs de la nouvelle chimie eurent moins de scrupules à utiliser ce concept.

Jean-Baptiste Van Mons (1765-1842), chimiste brabançon préoccupé de modernisme  politique et scientifique, diffusa l'un des premiers les travaux de Lavoisier dans nos régions.  Bien vite, il étendit la notion de "calorique" à trois formes: le "calorique-lumière", sans affinité pour la matière (d'où les réflexions), le "calorique-chaleur" qui, au contraire, la pénétre complétement, et enfin le "calorique-électricité" qui présente une affinité de surface.

Pour Van Mons, il y avait donc identité entre la lumière, la chaleur et l'électricité.  On verra comment la transformation de ces formes de l'une en l'autre lui permettait de réinterpréter l'action de la "pile" que Volta venait d'inventer et d'expliquer tout à la fois les réactions chimiques et les phénomènes météorologiques, l'eau jouant à chaque fois un rôle essentiel.  Ce sera aussi l'occasion de réfléchir à la "chimie périmée" de Bachelard, c'est-à-dire à des idées scientifiques sans prolongement connu et systématiquement négligées par les historiens alors que les "erreurs" des savants nous apprennent parfois davantage que leurs succès.

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Enseignant en chimie,  Michel Bougard est chargé du cours d' histoire des sciences expérimentales à l'Université de Mons-Hainaut.  Sa thèse de doctorat, La chimie de Nicolas Lemery, est parue en 1999. On lui doit aussi une critique incisive des réformes pédagogiques actuelles dans L'école et ses dupes (1996).