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Principes d’équilibre ?

Mercredi 17 novembre 2010 à 14h (UCL, Salle Couvreur)

Henry Le Chatelier (1850-1936), la chimie et la rationalisation

Dr Michel Letté (CDHTE/CNAM, Paris)

Avant qu'il ne désigne un mode d'organisation de la production industrielle, du travail et de l'entreprise au sortir de la Première guerre mondiale, le terme « rationalisation » est une catégorie de pensée et d'action dont se sont emparés quelques ingénieurs. Dans la continuité du scientisme triomphant, de la consolidation de l'État et du rôle des compétences technico-administratives au cours de la IIIe République, Henry Le Chatelier, ingénieur des mines et chimiste occupant les plus hautes fonctions académiques, incarne l'une de ces évolutions de la rationalisation vers la recherche des moyens de sa réalisation. Défenseur d'une science industrielle à ses débuts comme principe de rationalisation des rapports entre la science et l'industrie, il devient à la fin de sa carrière l'une des figures emblématiques de l'organisation scientifique du travail et le propagandiste zélé du taylorisme en France. La présentation proposée envisage de retracer le parcours scientifique d'un Henry Le Chatelier chimiste (équilibres chimiques, liants hydrauliques, métallurgie, explosifs) qui aura aussi contribué à forger chez ce dernier une culture de la rationalisation.


Chimiste et historien de formation, Michel Letté  enseigne aujourd’hui l’histoire des techniques et de l’environnement. Sa thèse soutenue en 1998 à l’EHESS Paris  portait sur la constitution d’une «science industrielle» au tournant des 19e et 20e siècles, projet supporté par Henry Le Chatelier, figure emblématique du militantisme pour l’extension à tous les domaines de la vie sociale et politique du principe de rationalisation par les sciences. Depuis 2002 élu maître de conférences au Cnam, il y a exercé la fonction de gestionnaire des collections au Musée des arts et métiers. Il enseigne désormais au CDHTE où il est responsable de l’axe de recherches «Environnement, Techniques, Conflits» et du programme «Débordements industriels dans la cité XIXe et XXe siècles»



Fritz Haber : la destinée tragique d’un héros

Paul Depovere (UCL/Univ. Laval, Québec)

En réussissant à synthétiser l’ammoniac à partir d’azote et d’hydrogène, ce qui a ouvert la voie aux engrais disponibles à profusion, Fritz Haber a sauvé l’humanité d’une famine inéluctable. Mais cet ammoniac a également servi à fabriquer des explosifs et des munitions à la veille de la première Guerre mondiale. Guidé par un patriotisme exacerbé alors qu’il était Juif, Haber ira jusqu’à inventer diverses armes chimiques afin que l’Allemagne gagne rapidement la guerre. Fritz Haber sera même le concepteur de ce qui sera le Zyklon B, employé dans les chambres à gaz, bien après sa mort. Sa vie ressemble véritablement à l’histoire du Dr Jekyll et de Mister Hyde.


Professeur émérite à la Faculté de Médecine de l’UCL et professeur associé à l’Université Laval (Québec), Paul Depovere est docteur en sciences chimiques, pharmacien et candidat en sciences médicales. En plus de nombreux articles de recherche, il a aussi écrit des contributions à caractère didactique et des manuels d’enseignement de la chimie au niveau universitaire chez De Boeck : Vade-Mecum de Chimie Générale (plusieurs éditions), L’Équilibrage des réactions rédox (1986), La Nomenclature en chimie organique, son application à la dénomination des médicaments (1988),  En bref ... Chimie générale (1998) et En bref ... Chimie organique (1998). Il est aussi traducteur de nombreux ouvrages et l’auteur d’œuvres de vulgarisation : La Chimie exocharmique (1996), La classification périodique des éléments : la merveille fondamentale de l’Univers (1999) et enfin La fabuleuse histoire des bâtisseurs de la chimie moderne  (2008).

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