Genèse de la science des structures cristallines
Mercredi 3 mai 2017 – 14h00 – UMons, Campus de la Plaine de Nimy, Centre Vésale, auditoire 30
Jean Démeste, médecin liégeois, et les débuts de la cristallographie
Dr Brigitte Van Tiggelen (Mémosciences et Chemical Heritage Foundation, USA)
Né à Liège en 1745, Jean Démeste étudie puis exerce la médecine, mais
il est aussi, et peut-être avant tout, un savant naturaliste
particulièrement intéressé par la botanique, la minéralogie et la
chimie. Il a beaucoup voyagé, en Italie, et en France, où il suit les
cours de Balthazar Georges Sage (1740-1824) et de Jean-Baptiste Louis
Romé de l’Isle (1736-1790).
En 1778, il s’attelle à la rédaction d’un ouvrage à vocation pédagogique, les Lettres
du docteur Démeste au docteur Bernard, sur la chymie, la docimasie, la
cristallographie, la lithologie, la minéralogie et la physique en
général (Paris: Didot, 1779). L’ouvrage traite de nombreux
autres sujets que la cristallographie naissante mais sa rédaction donne
lieu à une correspondance avec Romé de l’Isle, devenu un ami.
Pour la jeune science des cristaux qui émerge en cette fin de XVIIIème
siècle, cette relation épistolaire et l’œuvre de Démeste retracent une
évolution et une stabilisation des premiers concepts posés entre la
première publication de Romé de l’Isle, l’ Essai de Cristallographie, paru en 1772, et son ouvrage majeur, la Cristallographie […], paru en 1783.
Physicienne
et historienne, Brigitte Van Tiggelen a consacré son doctorat à
l’histoire de la chimie au XVIIIe siècle. Co-fondatrice de l’asbl
Mémosciences, elle travaille depuis 2014 à la Chemical Heritage
Foundation, une institution unique au monde qui se consacre à
l’histoire et l’héritage de la chimie au sens large, et qui est basée à
Philadelphie, USA.
Une histoire de la construction de la théorie des structures cristallines
Prof. Bernard Maitte (Univ.
Lille 1)
Cette
intervention décrira et mettra en perspective l’évolution des idées sur la
conception des cristaux. Nous verrons que la science est faite de labeurs
quotidiens, d'accumulations, de déplacements, d'emprunts, d'hésitations,
d'avancées, de reculs, de controverses, de généralisations hâtives, de
fulgurances, de retours à d'anciennes conceptions, revisitées avec des yeux
neufs.
Cette
science est aussi une histoire de femmes et d'hommes, avec leurs affects, leurs
préventions, leurs haines parfois, leur culture et leur environnement toujours.
Une histoire où joailliers, philosophes, descripteurs, chimistes, naturalistes,
physiciens, mathématiciens, de diverses époques et nationalités sont les
acteurs, à égalité de dignité.
Pendant plus de deux cents ans, c’est une science
en constante construction, qui se féconde des oppositions - celles des Français
et des Allemands, par exemple, au XIXème siècle - que nous découvrirons. C’est
ce qui permet à la cristallographie d’investir au XXème siècle tous les champs
disciplinaires des sciences exactes et naturelles et de s’enrichir aujourd’hui
des recherches sur les écarts à la symétrie et les quasi-cristaux.
Professeur
émérite à l’Université de Lille 1, Sciences et technologies, rattaché à
l’UFR de Physique, Bernard Maitte a commencé son parcours scientifique
comme cristallographe. Il a été l’un des initiateurs de la
création des « Centres de Culture Scientifique et Technique » en
France, et fondateur et premier directeur (1984 – 1997) du « Forum des
Sciences ». Il a dirigé le Centre d’histoire des sciences et
d’épistémologie de l’Université de Lille 1 de 2000 à 2012.
|